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Essai Aprilia 900 Shiver 2019

L’Italie… Certains pensent immédiatement à une pizza, un jambon de pays avec un Chianti, ou encore à une belle assiette de pâtes recouvertes de Parmesan. Certains y voient une après-midi paisible de Toscane, un café serré à la main. D’autres se représentent un lieu chargé d’histoire. Chacun sa façon de vivre la Dolce Vita.

Pour ma part, l’Italie est un mélange de tout, et bien plus. Mais elle fait surtout vibrer mon cœur au rythme de ses bicylindres en V ; architecture moteur emblématique du pays.

L’Italie est LE pays de la moto. Certes les plus gros constructeurs du monde sont Japonais tout le monde le sait. Mais l’Italie, au travers de son histoire, a fait montre d’une très grande diversité et créativité dans ce domaine.

Si Ducati, Moto Guzzi, Aprilia et MV Agusta nous viennent immédiatement à l’esprit, rappelons-nous que Benelli est née sous bannière Italienne, que Moto Morini n’a pas dit son dernier mot et que Bimota fait toujours de la haute couture. Gardons également en tête que Cagiva et Laverda n’attendent qu’un bon gros billet vert pour réapparaître sur nos routes.

Aujourd’hui c’est à Aprilia que revient la mission de faire tourner nos têtes.

Découverte:

Devant nous se tient fièrement la 900 Shiver 2019. Evolution de la 750 Shiver sortie en 2007. Cette moto était à l’époque très importante pour la marque. Elle et sa cousine Dorsoduro, avec laquelle elle partageait son moteur, étaient les premières Aprilia de séries avec un moteur fait maison. Elles éprouvaient également le premier Ride By wire de série (commande Electronique de l’accélérateur). Elles présentaient 3 cartographies moteur  » rain, tour et sport ». La 900 conserve ces gadgets options.

Le succès commercial a pourtant été mitigé, faute de coffre moteur. Aprilia a décidé d’augmenter la course des pistons sans modifier leur alésage. Résultat : la puissance max est inchangée mais le couple est plus important (passant de 8,25 à 9,17 m.kg à 6500tr/min).

L’esthétique change un peu pour plus de rondeurs et, à mon gout, moins de personnalité. On conserve une moto relativement haute sur pattes avec une double sortie d’échappement sous la selle. La fourche de 41 mm est réglable en détente et précontrainte. L’amortisseur arrière déporté est lui aussi réglable.

Les étriers de freins radiaux estampillés Aprilia font sérieux et le tableau de bord TFT apporte ce qu’il faut de modernité.

La commande ride by wire est conservée, le cadre devient rouge tout comme les couvre-culasses. Pas d’économie sur la qualité de fabrication comme en témoignent l’embrayage par commande hydraulique et les leviers réglables.

(protèges leviers en option)

Ici tout est à sa place et la finition est de haute volée.

On grimpe :

Oui, on grimpe car la moto est haute. Tout le monde est enclin à critiquer les selles hautes pour les petits gabarits qui ont du mal à s’y sentir à l’aise. De notre côté, nous préférons saluer le fait que, pour une fois, les plus grands n’auront pas les jambes trop repliées.

La position est basculée sur l’avant comme sur tous les roadsters sportifs (mais en est-ce vraiment un ?). La selle est confortable, moelleuse, elle ne fait pas mal aux fesses. Cependant, sa relative largeur peut gêner l’intérieur des cuisses au bout de quelques heures de route.

En route le moteur :

La moto démarre au quart de tour et le bicylindre s’ébroue gentiment dans un bruit rauque et prometteur. Le travail réalisé au niveau de l’échappement est fabuleux. Le son qui émane de ces deux « gros machins » est un ravissement de chaque instant. Les coups de gaz ne donnent qu’une envie : rouler… Miam miam.

 

Mais ne soyons pas trop impatients, le moteur n’est pas encore à température. Le temps pour moi de me plonger dans cet écran TFT du groupe Piaggio (partagé sur toute la gamme Aprilia et certaines Guzzi).

 

Qu’il est beau! toutes les infos y sont : deux trips partiels avec conso instantanée, conso moyenne, vitesse moyenne, et même la température extérieure. Seule manque une jauge à essence. Rien de bien dramatique sachant que lorsque le témoin de réserve s’allume un trip partiel se met à zéro. Il vous indique la distance parcourue sur la réserve. Quand on a connu l’époque des robinets de réserves qu’ils fallaient tourner à la main quand la moto commençait à brouter, tout ceci s’apparente à du confort. (L’avantage d’avoir commencé ma carrière de motard sur une vieille xj600 de 1992!)

Même si l’affichage est joli, on regrette qu’il n’y ait pas différents displays pour l’affichage du couple compte tour /Tachymètre. Une simple mise à jour pourrait y remédier.

Les commodos sont classiques. Un bouton droite/gauche + pression au guidon permet de naviguer dans les menus de l’ordinateur de bord. Vous pourrez y régler l’anti-patinage sur 4 niveaux 0, 1, 2 et 3. 3 étant le moins permissif et 0 étant synonyme de déconnexion. L’ABS est également déconnectable.

Le moteur nous montre qu’il est chaud…. Et qu’est-ce qu’il est chaud !!! en été et dans les bouchons il sera certainement difficilement supportable. Le mode « tour » est activé, première. C’est parti.

 

En route la moto:

Dès les premiers mètres, la moto met en avant un comportement évident. Facile, docile elle n’intimidera personne. Le moteur est souple et permet de rouler sous les 3000 tr/min sans problème. Les relances sont énergiques et très communicatives.

Il suffit de visser la poignée à 3000tr/min pour prendre un maximum de plaisir. Le bruit de l’échappement est rauque, la boite à air claque, les vibrations sont agréables et le tout vous propulse en avant avec force et conviction. Si la poussée se renforce aux alentours de 6000 tr/min elle se calme vers 8000 tr/min.

L’avantage de ce bloc est que le plaisir n’attend pas les tr/min. Chaque reprise est une pure gorgée de plaisir. Les décélérations sont aussi l’occasion de profiter de pétarades au niveau de l’échappement. Et même si la chose est certainement à psychanalyser, cela profite au plaisir de conduite.

Il est temps de monter le ton pour voir ce que cette diva a dans les injecteurs. Mode « Sport » activé.

Le tirage semble plus court et les montées en régime plus alertes. En gardant le moteur au-dessus des 5000 tr/min la Shiver se veut plus sportive. La position invite alors à plus de débauche. On profite d’une commande ride by wire exemplaire. La connexion entre la poignée d’accélérateur et la roue arrière est magique. N’allez pas croire que j’en rajoute. L’essayer c’est l’adopter. A des allures hautement répréhensibles sur routes ouvertes, la mise sur l’angle est naturelle et très généreuse. La garde au sol permet des prises d’angles abyssales sans arrière-pensée.

Une fois sur l’angle, la 900 fait valoir une excellente stabilité. Moins vive que les standards en matière de roadsters sportifs, elle n’en est pas pour autant pataude. Ce comportement se justifie notamment de part sa géométrie. Son angle de chasse est relativement ouvert : 25.9°. A titre de comparaison une Speed triple est à 23.5° et 24.3° pour une 1200 Monster.  L’avant guide correctement la moto et le retour d’informations est bon. Le freinage est dans la moyenne. S’il est puissant et sécurisant il manque, selon moi, de mordant pour une utilisation très sportive. La fourche, trop souple, s’enfonce lors des freinages de bûcherons.

Si la Aprilia Shiver est présentée comme roadster sportif, elle est selon moi, un roadster et seulement un roadster. Cette moto n’a rien de sportive. Le moteur marche très bien, la moto est confortable et parfaitement équilibrée pour un usage routier. A son guidon, on peut enrouler à très bon rythme  et effacer toutes traces de bandes de peur sur ses pneus sans même y penser. On peut cruiser et profiter du paysage, du caractère moteur et d’un confort de suspensions relativement bon. Mais pour la grosse attaque et les sorties sur circuits, passez votre chemin. Rien de surprenant, les compromis ont leur limite.

Pour qu’une moto soit efficace en usage extrême, les qualités qui lui sont demandées sont aux antipodes de celles exigées par la route. Aprilia a donc pris le parti de faire de sa Shiver une moto du quotidien et c’est une très bonne chose. Beaucoup trop de motards choisissent des motos aux prétentions sportives bien au-delà des leurs. Ils profitent simplement au quotidien d’une moto très inadaptée à la route.

Aspects pratiques et consommation:

En usage « balade » la Shiver se contente d’un 5.5 L/100km. Par contre si vous choisissez de rouler le couteau entre les dents et une grosse veine sur le front vous pourrez alors engloutir 7L du précieux liquide pour 100 Km. Le réservoir étant de 17 litres, les 200km sont dans tous les cas de figures, largement réalisables.

La moto ne dispose pas de warning. Ennuyeux pour qui souhaite utiliser sa moto en région parisienne. C’est d’autant plus vrai que les clignotants sont équipés d’une temporisation (temps et distance). Le but est de ne pas garder un clignotant allumé pendant 5 km si vous oubliez de le retirer. Une grande vigilance est donc de mise, si vous souhaitez être vu en inter-files!

L’espace sous la selle permet largement de ranger un, voire deux petits paquets de mouchoirs jetables. Que demande le peuple ?

Il est à noter que la Shiver est une des rares motos à proposer de vrais poignées passagers. On apprécie l’attention.

La moto est relativement lourde et comme la béquille est petite, il faudra un peu de poigne pour la redresser de son stationnement. Enfin, notez que l’éclairage s’il n’est pas à LED est simplement parfait. Le tapis de code est large et puissant. Les feux de routes ont une puissance et une portée remarquables. Bravo.

Conclusion:

La 900 Shiver est une vraie réussite, Cette moto en offre beaucoup pour un prix de vente remarquablement bien placé. Une moto bien finie, attachante et avec un caractère vous donnant la banane à chaque sortie. Et tout ça, sans vous casser le dos ni les poignets.

La puissance est largement suffisante au quotidien. Il n’y a qu’en usage sportif qu’on en viendrait à trouver que 20 cv de plus (et 20 kg de moins) auraient été les bienvenus. Mais pour ce genre d’usage, le marché regorge de propositions chez tous les constructeurs mais, vous y perdrez en agrément à coup sûr.

 

1 Comment

1 Comment

  1. François

    13 avril 2020 at 22 h 38 min

    Merci pour l essai. Machine confinée dans mon garage, le rodage devra patienter. En attendant je me contente de la regarder. Bon courage pour la suite

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