Essais

Le gentil monstre: Essai longue durée Honda CB 1300

Chez Motobanane quand on teste une moto on y va pas de main morte. Car ce n’est pas moins de 70 000 km qui ont été fait sur trois CB1300 différentes. Et chaque essai sera sur ce protocole! ne serait-ce pas génial? Quoique quelque peu chronophage qu’en pensez vous?

En réalité ce test n’est rien autre que le fruit de mon expérience personnelle. J’ai possédé 3 CB 1300.

Dans l’ordre d’achat:

cb 1300 s de 2006 puis un cb 1300 f de la même année et enfin un cb 1300 s phase 2 de 2012.

 

une prestigieuse lignée:

Le cb 1300 tel que nous l’avons connu en France est une évolution de la cb 1300 super four  sortie en 1998 au Japon (100 cv /12.5 m.kg et 273 kg tous pleins faits).

 

cette moto étant elle même l’évolution de la célèbre big one sortie en France en 1993.  (98 cv / 8.5  m.kg et 235 kg à sec donc au moins 250 kg avec les pleins.)

 

Cette prestigieuse lignée est constituée des plus fortes cylindrées des HONDA CB à leur époque respective. Elles sont les descendantes de la plus mythique des moto à savoir Mme cb 750 four sortie en 1969, rien que ça!

Avec une famille aussi prestigieuse c’est malheureusement une carrière très discrète qui fut la celle de la cb 1300 (en France tout du moins.) l’époque est aux roadster dérivés des sportives, plus légères et dans l’absolue plus performantes. Elle se voit donc concurrencée au sein même de la gamme Honda par la pétillante cb 900 hornet. Ses rivales, GSX 1400 ZRX 1200 et XJR 1300 en feront également les frais. Elle quitte le catalogue en 2014 après une seule évolution majeure.

 

Il faut savoir que notre CB 1300 garde encore une belle côte d’amour surtout au pays du soleil levant où elle peut se targuer d’être aujourd’hui encore au catalogue. En vente dans  Dans une 3ème évolution (la tête de fourche a été redessinée avec plus de finesse, échappement et platines repose-pieds sont modernisés) mais également depuis peu dans une superbe version SP.

Notez les jantes magnifiques, le bras oscillant peint en noir, les suspension ohlins et la peinture spécifique.

 

Une plastique fantastique:

C’est certain qu’à coté d’une 1000cc moderne la CB ne peut pas se faire passer pour une ballerine. Elle est longue, large et massive. Elle peut même intimider la première fois que l’on grimpe à bord. Le poids lors des manœuvres est là et bien là. Essayer de la pousser sur un faux plat vous fera à coup sûr transpirer. A noter que l’angle de la béquille latérale est très faible. Impossible de garer la moto en dévers vers la droite. La béquille centrale étant en option.

La finition de la moto est excellente. la peinture est d’une rare qualité. deux ou trois sessions de polish par an vous permettront d’avoir une peinture qui gardera l’aspect du neuf même après 70 000 km. Mention spéciale pour le coloris rouge et blanc pailleté qui fait toujours son effet. La peinture or des jantes est aussi de très bonne facture. Je ne connais pas le procédé de fabrication (anodisées , époxy etc.) mais avec un peu d’entretien elles vont flatter les rétines durablement.

la selle abrite un espace de rangement très vaste qu’on ne trouve sur aucune moto “moderne”. Vous pouvez y mettre: antivol, combinaison de pluie gants de rechange, une TV écran plat etc. comment ça j’en rajoute?

 

la version S (avec la tête de fourche) dispose de deux rangements latéraux étanches dont un  fermant à clef. Très pratique.

le bras oscillant en alu offre un côté résolument sportif à la moto (aujourd’hui utilisé sur la CB1100 RS) notez que le guide chaîne est en alu lui aussi. Classe, non?

 

Contact:

Une fois le contact mis, la petite séquence d’allumage terminée, le quatre cylindre se réveille discrètement. le bruit de l’échappement d’origine est sympathique au ralenti mais s’annonce déjà très (trop?) discret une fois sur route.

 

Première, c’est parti:

La position est typée à l’ancienne. Comprenez par là que le guidon semble éloigné du buste comparé aux standards actuels dont la position se rapproche de celle d’un super motard. Cela n’est pas gênant. Une fois la surprise passée on découvre une position très confortable, le buste très légèrement penché vers l’avant. Les commodos sont aux standards actuels. Tout tombe sous la main et la botte. en ville le rayon de braquage très court de la moto permet de des manœuvres audacieuses. La souplesse du moteur permet de repartir sur le 5ème et dernier rapport à 40km/h sans problème. on évolue dans un monde ouatiné. Seule ombre sur ce tableau flatteur : des à coups d’injection à la remise des gaz viennent gâcher le confort sénatorial. Il est possible (et préférable) de les atténuer avec une remise des gaz très douce et avec un peu d’habitude. La commande d’embrayage hydraulique est douce et réglable en écartement tout comme le levier de frein.

Sans en faire une souris des villes du fait de son poids et de son gabarit la CB 13 ne vous fera pas regretter un passage en centre ville ou sur un périphérique chargé aux heures de pointe.

comme un Husky doit profiter du plein air, une 1300 doit voir du paysage. Direction les petite routes en passant par la nationale:

En route:

Miss CB avale le ruban d’asphalte comme une simple formalité. La protection de la version S est meilleure qu’il n’y paraît et n’engendre pas de turbulence. Sur la F… vous musclez vos cervicales voilà tout.

Un défaut récurrent apparaît malheureusement sur la S: des vibrations dans la tête de fourche viennent jouer les troubles fête aux alentours de 3000 tours. Si sur ma première S j’ai réglé le problème avec un morceau de chambre à air calé au bon endroit il m’a été impossible de faire de même sur la dernière…. Les vibrations sont donc taquines et ne se manifestent pas au même endroit sur toutes les motos.

La selle est très confortable, large et épaisse, vous n’aurez pas de problème de ce côté là.

Silence ça tourne:

Quand arrive enfin de moment des virolos la 13’ fait déballage de tout le savoir faire du premier constructeur mondial. Un mot me semble particulièrement adapté: équilibrée. Certes la moto est objectivement lourde mais elle se place au doigt et à l’oeil dans les virages. les grandes courbes sont avalées avec bonheur et stabilité. L’avant est précis. Le retour d’information très bon. les suspensions sont fermes et privilégient le rigueur au confort. Non pas que la moto soit tape-cul mais l’amortissement n’est pas celui d’une GT et c’est tant mieux. Elle ne plonge pas au freinage et encaissent la puissance sans broncher. après des heures, des semaines, voire des mois de réglages pour tenter de trouver le meilleur compromis  je l’ai enfin trouvé!! et c’est…. l’origine. Et oui, ils connaissent leur boulot chez Honda. (pour info je fais 1m83 pour 83kg)

Sur routes défoncées par contre ne pensez pas tracer de belles trajectoires. La moto rebondie et devient franchement désagréable si on garde un rythme élevé. Mieux vaut diminuer allure en utilisant les freins.

J’ai possédé deux versions de freinages : le 4 pistons avec abs et le 3 pistons CBS/ ABS (freinage couplé.)

La première offre un mordant excellent et une puissance largement suffisante. la version CBS (qui actionne un piston à l’avant lorsqu’on actionne le frein arrière) offre à mon sens moins de mordant pour une puissance équivalente. Chose étrange car j’avais le même CBS sur la CB 1000R dont le freinage était diabolique.  L’ABS dans les deux cas fonctionne parfaitement et autorise un freinage puissant sans arrière pensée.

La conduite se différencie sur les deux model. Je me surprends à n’utiliser que le frein arrière pour ralentir la bête en balade sur la version CBS et n’actionne l’avant que pour stopper l’ensemble.

A l’attaque:

Sur routes sinueuses c’est un régale de profiter de la souplesse et du couple omniprésent de ce moteur. Quelque soit le régime une rotation de la poignée vous gratifie d’une copieuse accélération. Passé 5000 tr/min la poussée se renforce et à ce moment là, mieux vaut avoir de l’espace devant soit… pour de l’enrouler rapide la moto est un régal et ne demande pas de bagage plus particulier que celui de la circonspection mais, si vous voulez vous promener du côté des hauts régimes je vous conseil d’avoir une bonne dose d’expérience pour ne pas vous mettre en danger. l’improvisation restant très limitée avec une moto de cet empattement et de ce poids.

La partie cycle ne réserve aucun piège et le cale-pieds peuvent se limer dans la plus grande quiétude. il faut cependant garder à l’esprit que le couple aura vite fait de vous rappeler à l’ordre si vous avez la main lourde à la remise des gaz sur l’angle. Ici pas d’antipatinage à centrale inertielle et autres capteurs BX4000…

Le temps d’une pause pour découvrir qu’avec son réservoir de  21 litres les étapes peuvent excéder les 300 km avant que le témoin de réserve ne s’allume. bien sûr si vous êtes plus énervés sur la commande de gaz le fatidique témoin fera son apparition avant que 250 km ne soient parcourus.

 

Cette moto fait preuve d’une polyvalence très agréable pour en faire une moto du quotidien. Elle sait autant flatter votre égaux à la terrasse de café que vous emmener au travail tous les jours ou même taquiner le bitume dans la montée du col de l’Izoard lors que votre road trip annuel entre amis..

Fiabilité:

Pannes rencontrées en 70 000km: Faisceau électrique allumage cylindres 2 et 3 rompu. Et… et c’est tout. Avec une vidange régulière et une utilisation appropriée de la mécanique cette machine est d’une fiabilité absolue. les seules traces de vieillissement se situent au niveau des carters moteur dont le verni s’écaille avec le temps.

 

Bilan:

Loin des machines à la mode comme celles typées années 60/70 et autres trails de 150cv la CB 1300 représente une famille aujourd’hui disparue. La CB1100 EX et RS jouent dans une autre catégorie. Rouler en cb13 aujourd’hui n’est pas dénué de sens. Si vous acceptez ses petits défauts, sûr que ses grandes qualités sauront vous ravir de nombreux kilomètres.

 

5 Comments

5 Comments

  1. Baruc

    21 avril 2019 at 7 h 11 min

    Salut , merci pour ce récit , et oui la CB 1300 est une très bonne moto , ayant possédé une cb 1300 N et maintenant une cb 1300 S que que j’ai repris suite à la première qui m’avait tellement plus.Parfois je comprends pas pourquoi cette moto n’a pas eu le succès qu’elle aurait mérité en France , mais c’est tant mieux comme ça car on en croise pas à tout les coins de rue.

  2. Maxime

    24 septembre 2020 at 15 h 32 min

    J’ai acheté une CB1300S ABS de 2005 rouge pailleté et blanc nacré, à bas prix en 2016. Aujourd’hui, passée en full, avec un filtre à air de qualité, bougies iridium, rabaissée, guidon bracelets, bons pneus, c’est toujours un plaisir de la faire évoluer doucement, de s’en occuper et de la faire rouler dès que l’occasion se présente. 84000KM pour la mienne, aucun (mais vraiment rien de rien) problème technique depuis sa mise en circulation il y a 16 ans. Juste un bon entretien. Et je précise que je l’utilise comme une moto récente, sans aucun ménagement particulier dû à son âge.
    Je rejoins donc le rédacteur de cet « essai », elle n’a pas rencontré le succès qu’elle méritait subjectivement, la mode ayant changé au même moment, mais ses qualités, une fois essayée, en font une moto dont il est très difficile de se séparer. J’en ai essayé un certain nombre depuis et rien ne me fais la lâcher car tout me semble parfois trop se ressembler. Celle-ci a une signature uniquement et introuvable de nos jours.
    Et surtout, en 2020, c’est une moto que vous serez le seul à conduire à 100km à la ronde. Avec son aspect « vintage-moderne-kitsch » (c’est une moto déjà vintage, qui rendant hommage à la vintage CB1100R de 1983), elle rencontre effectivement un grand succès sur les terrasses de café où la première question est souvent « mais heu, c’est de quelle année ça? »
    Et en effet… sa côte d’occasion qui ne descendait plus depuis deux ans, monte doucement, doucement, doucement… mais chuuuut 😉
    Ps : débridée, non seulement son moteur montre ce pour quoi il a été conçu (couple, allonge et maîtrise), mais toute vibration disparaît. Ne jamais se faire un avis sur une CB1300 sans être passé par la case débridage.

    • Mat

      14 mars 2021 at 19 h 35 min

      Cb 13 un jour Cb 13 toujours!

  3. Chris

    22 octobre 2020 at 19 h 42 min

    Bonjour,
    Belle et réaliste description.
    CB13 2003 102000km, je confirme, j’abonde et je précise…
    Pannes: régul, 2x, 230€, c’est rien en 17 ans, stator alternateur : ouille, près de 1000 boules piéces et MO si fait par un pro avec pièce neuve : manque de chance? Je pardone car fait moi même avec pièce de casse à 50€.
    Pour le reste je la changerais bien mais impossible car: bigleux ronds à aiguilles qui permettent de savoir régime et vitesse sans regarder, place sous la selle pour salopette de marin (déja dit), pot inox pour rouler dans le sel quand il neige, fourche conventionnelle qui ne pète pas ses spi en dessous de -15 (je roule encore), autonomie de plus de 350 san être trop doux, stabilité à toute epreuve sans les mains debout dessus, démarre toujours et ne cale jamais, braque à angle droit entre bagnoles arrêtées (vraiment ou presque), un vrai canapé pour conducteur et passager, 4l d’huile de voiture à 25 balles tous les 10000 pour seul entretient (et quelques « sabots de freins »), freins suffisant et dosables même sur neige… toujours belle sans jamais avoir lavé…etc, etc… des commes ça yen a plus: j’irais bien chercher une neuve au japon, on va voir..

    • Mat

      14 mars 2021 at 19 h 38 min

      Si vous allez au japon prévenez nous on ira en chercher une avec vous^^

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