Le trail 1.0
Au début des années 90 la course du Paris-Dakar est très populaire. Les motards de l’époque rêvent donc d’aventures, de chaleur et de traversées du désert. Surfant sur cette vague, les constructeurs proposent alors les parfaites montures : les trails.
Les Yamaha 750 super Ténéré, Honda Africa twin, Suzuki 800 DR et autres BMW GS en sont les plus prestigieuses représentantes.
Yamaha 750 Ténéré de 1989
Honda 750 Africa twin de 1992
Suzuki 800 DR de 1990
Mais le trail à cette époque c’est également des machines funs et bon marché.
Simple de conception et peu onéreux à entretenir le motard de la fin de siècle ne s’y trompe pas.
J’en veux pour preuve le nombre de ventes des Honda 600 XLV Transalpe, Yamaha Xt 600 et les autres.. Qu’ils soient Japonais ou Germaniques. impossible de passer à coté du phénomène trails
Pour qu’une moto soit qualifiée de trail il fallait :
- une roue avant de 21 pouces
- des suspension à grands débatements
- des pneus fins et aux scultures marquées
- le moins de cylindres possible
- un poids contenu.
Vous l’aurez vite remarqué la définition précédente ne correspond plus à beaucoup de machines actuellement au catalogue. La terre et la poussière n’ayant visiblement plus le même puvoir d’attraction.
Force est de reconnaître que déjà dans les années 90 certains trails avaient pour principale (unique?) cible, le bitume. Citons la Honda 650 dominator ou encore la Kawazaki 500 KLE.
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Légères et valorisante, elles se laissaient guider avec facilité grâce à leur grand guidon. Les escapades hors bitume étaient les bienvenues et le confort offert par les grandes suspensions donnait des envies d’évasion. En un mot ces motos étaient très « fun » !
Mais alors pourquoi avec tant de qualités, cette catégorie est-elle passée aux oubliettes voire pire, est devenue (pour près de 20 ans) ringarde?
Le grand banditisme ou la petite mort des trails
Une mode en chasse une autre, ainsi, la naissance des roadsters et leur incroyable succès commercial à mis fin aux envies d’aventures poussiéreuse du motard Français. S’il est raisonnable de considérer le premier vrai roadster (moteur de sportive dans un style épuré) comme étant la Honda 600 hornet de 1998, l’initiatrice du genre c’est bel et bien la Suzuki Bandit 400 (sortie en 1989) mais surtout la 600 bandit de 1995.
Les motards découvrent alors les plaisirs d’une moto plus performante en tenue de route, en freinage et pour un prix raisonnable. Le hurlement caractéristique du quatre cylindres flirtant avec les 10 000 tr/min offrant des performances de premier ordre allait finir de convaincre la communauté motarde.
Voila qu’en à peine 5 années, au début des années 2000, les trails sont relayés au rang d’utilitaires peu flatteurs. BMW R 1100GS mise à part évidement. Allait s’en suivre le grand boum des roadsters. 600 cc puis 900, 1000… de 70 cv à plus de 180 cv (!?) de nos jours.
Mais alors comment expliquer le retour en grâce de nos souris des champs?
Le comeback
Difficile d’expliquer une mode, mais on peut tout de même pointer du doigt certains facteurs. Notamment la répression routière à mettre en parallèle avec les performances toujours plus élevées des motos. Celles-ci deviennent de plus en plus inexploitables sur route sous peine de désintégrer son permis de conduire en quelques lignes droites. Citons également le coût d’achat et d’entretien de ces roadsters toujours plus pointus, de leur sportivité exacerbée qui limite (pourri?) leur confort. Terminons par leur incapacité à transporter quoique ce soit. et vous aurez le champ libre pour une nouvelle (ancienne) catégorie de moto.
Les faits sont là. Le trail revient. mais attention, même si certaines machines des années 90 s’échangent à prix d’or sur « le coin pas mauvais » le trail moderne est bel et bien différent de ses ancêtres.
Trail 2.0
Regardons par exemple une BMW S1000XR (classée comme trail) et essayons de le faire correspondre à la définition du début de cet article… C’est simple, elle ne partage rien avec ses ancêtres.
BMW S1000XR (165cv)
Il est évident que la définition à changé. Il eut été plus simple de créer une nouvelle catégorie de moto, mais le motard a ses habitudes et n’aime pas être bousculé.
Sportive, roadster, GT, Custom ou trail. Il faut que toute les motos qui sortent de l’usine entre dans une catégorie. (Ajoutons quand même la catégorie néo-rétro. Famille dans laquelle les constructeurs classent tout et son contraire du moment que le badaud lambda pense que la moto à 50 ans ou plus.)
De nos jours est donc qualifiée de trail toute moto dont le débattement de suspensions est légèrement supérieur à celui d’ un roadster et dont la position de conduite est relativement droite. Ajoutons une tête de fourche. et… c’est tout!!
3 grandes catégories semblent se distinguer:
Les trails bodybuildés :
Des machines de 160 cv, des roues de 17 pouces, un pneu de 180 voire 190 à l’arrière et des débattements d’à peine 150 mm…
Ces super-trails offrent généralement un meilleur confort et une meilleur protection que les roadsters dont ils dérivent bien souvent. Ils sont performants, technologiques, Européens et très chers.
Ducati 1290 Mutlistrada (158cv)
Triumph 1050 Tiger Sport (126cv)
Mv agusta Turissmo veloce 800 (110cv)
les trails à l’IMC inquiétante :
Une roue avant de 19 pouces le plus souvent, un moteur de très forte cylindrée, plus de 100cv, une protection importante, des valises, un top case, un micro onde… Ces motos dont l’usage est proche de celui d’une GT offre un « certaine » polyvalence routes/chemins. Ils sont souvent moins chers que les vraies routières mais protègent également moins. Elles sont lourdes, fiables et bien souvent l’apanage des gros rouleurs.
Yamaha 1200 Super Ténéré 257kg 112 cv
Kawazaki Versys 1000 (253 kg 120 cv)
BMW R 1250 GS 249 kg 136cv
Enfin les trails typée off road :
Machines plus proches de la définition première du trail, elle ne peuvent pas réellement être mise en concurrence avec une autre catégorie.
KTM 790 Adventure R 189kg (à sec) 95 cv
Yamaha 700 Ténéré 187 kg (à sec) 74cv
En passant d’une catégorie à l’autre on perçoit la diversité de la catégorie et de l’offre commerciale. De 50 cv à plus de 160, de 7000€ à plus de 20 000€ la clientèle cible est large et n’oublie personne.
Casques, combinaisons, Valises… Equipementiers et manufacturiers de pneus ne s’y trompent pas et offrent toujours plus de produits pour équiper les trails du XXI siècle quel qu’en soit votre usage..
Le trail est mort, Vive le trail!
